Et si la ressourcerie était l'avenir du magasin ?
Cet article contient de la fiction prospective. Ce contenu est fictionnel. Il est toutefois inspiré par l'observation de signaux faibles et d'émergences issue d'une veille intensive sur l'évolution des modes de vie. Abonnez-vous pour recevoir une nouvelle fiction tous les jeudis.
Un futur possible, inspiré par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
Cela faisait longtemps que vous l’attendiez, c’est enfin aujourd’hui que vous rendez à l’hypermagasin pour préparer l’entrée dans l’hiver. Mais cette sortie, comme à chaque changement de saison, elle s’anticipe ! Vous faites le tour de vos préparatifs : vous avez évidemment votre liste d’achats, mais aussi un sac plein de produits dont vous ne vous servez plus, des anciens vêtements trop usagés, ainsi que votre duvet de camping déchiré. Dernière chose et pas des moindres, vous avez bien communiqué votre budget de dépenses maximal à l’hypermagasin qui s’assurera que vous ne le dépassiez pas.
Alors que vous pénétrez dans le bâtiment gigantesque de l’hypermagasin, des souvenirs d’enfance vous reviennent. Se rendre dans un magasin était alors quelque chose d’anodin. Vos parents vous y emmenaient souvent en guise de promenade. Mais depuis, les choses ont bien changé. Certains ont complètement effacé de leur vie l’acte d’achat. Les cartes bancaires, les recommandations de produit, les tunnels d’achat, et de fait les virées dans les magasins, tout cela est délégué à des algorithmes qui sauront mieux choisir. Le produit arrive devant leur porte, un peu comme par magie. D’autres, au contraire, ont fait de leur vie un showroom, comme votre amie Aurélie. La dernière fois que vous avez été invité·e à dîner chez elle, vous n’avez pas résisté et avez scanné sa jolie décoration qui est achetable en un clic. Vous étiez à deux doigts de craquer pour son nouveau canapé…
Mais ces modes de consommation, en plus de vous paraître déraisonnables, vous sont financièrement inaccessibles. C’est pourquoi vous vous êtes tourné·e vers l’hypermagasin. Ici, on rentre par la caisse ! Vous vous dirigez donc vers une caissière et lui présentez vos anciens produits usagés et vos chutes de tissus - tout ce qui pourrait être utilisé dans le magasin des matières pour créer de nouveaux objets. On vous donne quelques jetons en échange de ce butin, que vous pourrez utiliser pour une partie de vos achats. La caissière, dans le doute, vous oriente vers le Comptoir de la Dernière Chance pour votre duvet déchiré. Une femme y inspecte d’un oeil expert votre article avant de vous confirmer qu’il n’y a pas grand chose à en faire. A moins que… elle a bien une idée : repassez dans deux jours, elle en aura fait une doudoune à votre taille.
Le parcours est ensuite extrêmement fléché, inspiré par un certain magasin suédois. Vous pénétrez d’abord dans l’entrepôt, dans lequel tous les articles en bon état sont mis à la vente. Vous passez votre liste devant un petit scanner, qui vous indique dans quels rayons trouver les produits que vous cherchez. Le plus dur dans ce mode de consommation est de se détacher de l’image projetée de l’objet recherché pour se concentrer sur le plaisir de trouver un article qui remplisse son usage. Un conseiller est là pour vous aider dans ce cheminement. Il vous déniche le pull bien chaud dont vous aviez besoin, mais que vous n’auriez jamais remarqué sans son aide. En continuant le parcours, vous pénétrez dans la partie la plus impressionnante de l’hyper-magasin : l’atelier. Ici, on retrouve des rangées d’artisans qui offrent chacun un savoir-faire particulier. Couture, menuiserie, électricité, maroquinerie,… Tout y est ! Dernier article sur votre liste : une couverture bien chaude. Vous vous dirigez donc vers l’étal en question pour passer commande. Mais il va falloir faire preuve de patience : au vu de la queue, vous n’êtes pas seul·e à penser que l’hiver sera encore rude cette année…
Les tendances et signaux faibles derrière la fiction
The point being, the things that we once saw as fixed and permanent — retail and office locations, owned manufacturing — are increasingly fungible while the things we used to think of as easy to buy, attention in particular, are the deterministic drivers of a new model. This is a big shift in thinking as far as I can tell.
(Trad. : “Le fait est que les choses que nous considérions autrefois comme permanentes - les emplacements des commerces et des bureaux, la fabrication - sont de plus en plus fongibles, tandis que les choses que nous considérions comme faciles à acheter, l'attention en particulier, sont les moteurs déterminants d'un nouveau modèle. Pour autant que je puisse en juger, il s'agit d'un changement radical dans la façon de penser.”)
👁️ Le nouveau modèle de Selfridge : de l’occasion et de la réparation
The important thing is encouraging people to think how they can extend the life of a product. We are enabling customers to add life into their wardrobes above and beyond buying new.
(Trad. : “L'important est d'encourager les gens à réfléchir à la manière dont ils peuvent prolonger la vie d'un produit. Nous permettons aux clients d'ajouter de la vie à leur garde-robe, au-delà de l'achat de produits neufs”)
👁️ Le foncier, le problème (aussi) des ressourceries
👁️ Gestion budgétaire, entraide et minimalisme (groupe Facebook de +200K personnes)
“Bonsoir, je vois passer pas mal de publications sur la manière de supporter les froid cet hiver. En voici une : les couvertures piquées. Il s'agit de couvertures traditionnelles, en laine de mouton. On en trouve en brocante, emmaus et du neuf. C'est un investissement ; neuves, elles coûtent 500 euros. Mais il en vaut la peine : on supporte facilement une chambre à 13 ou 14 degrés. Elles ont aussi un petit effet de leste, qui aide à bien dormir. Enfin, c'est écologique et produit en France, de manière artisanale”
😮 Les culottes faites avec des napperons, les caleçons avec des vieilles chemises, les imperméables avec des tentes et la doudoune avec un duvet
💛 Pour aller plus loin… je recommande la formation en économie circulaire des “Robin du bois” rochelais : La Matière.